Hanibal Srouji expose ses dernières œuvres à la
galerie Janine Rubeiz. La détermination qu’a cet artiste de vivre son art
se traduit par son langage pictural, comme si cet état latent,
profondément ancré au fond de lui-même, est la condition “sine qua non”,
assurant la pérennité de son être et son appétit d’affirmer son exaltation
intérieure jusqu’au bout de ses forces. Ce sont moins les formes
géométriques elles-mêmes: bandes, rectangles, points, etc... qu’il aime à
peindre, que leur composition dans l’espace, sur des supports fixes ou
libres, suivant une variété de rythmes répétés et alternés.

Figures
et formes nées de l’imaginaire de l’artiste.
|
Le sujet doté de dimensions
secondes Hanibal Srouji sait ce à quoi il veut aboutir, non avec
la violence agressive d’un conquérant orgueilleux de ses dons, mais avec
le tranquille entêtement que donne la connaissance de ses moyens.
D’ailleurs, il semble bien qu’il ne cherche jamais à atteindre une
perfection mécanique. Il y a toujours chez lui une forme de liberté qui
donne à la plupart de ses œuvres une apparence d’improvisation, non
affectée; elle est tout simplement voulue. Chez lui, toute chose
perçue, tout thème choisi se fait objet de réflexion, au cours de laquelle
l’artiste dotant le sujet de dimensions secondes, le soumet à une
représentation formelle relevant plus de son essence que d’une conformité
avec les apparences.

Réduction de la forme à une expression fondée
sur l’élision. |
|

Rapports de proportions et de couleurs attestant une
pensée réfléchie.
|
La couleur chez lui va, harmonieusement, des discrètes
vibrations des nuances intermédiaires aux éclats des tons purs. Il aborde
le domaine de la couleur avec une extrême liberté et sans souci d’obéir à
des traditions enseignées, ni de se soumettre à des données nouvelles.
Cette science de la couleur qui accorde la douceur et l’éclat des
harmonies, le conduit aussi à l’emploi de couleurs fortes; les rouges
ardents, les jaunes d’or, les bleus veloutés sont incorporés à un
ensemble, souvent voluptueux, dans lequel s’amortissent les
oppositions. La judicieuse composition des formes, des traits et des
couleurs, donne naissance à la structure des œuvres: espaces intemporels
nés d’un subconscient soutenu par un support imaginaire, nourri par tous
les éléments cosmiques: ciel, lumière, terre, feu, eau... La morphologie
des couleurs donnant lieu à des vibrations, des ondulations d’eau et de
nuages.

Un
ensemble d’œuvres. |
UNE ŒUVRE FAITE DE SCIENCE ET
D’ART Hanibal Srouji n’use pas de la touche divisée,
systématiquement, mais de touches très librement posées dans toutes les
directions, qui donnent à ses peintures un aspect très particulier. Cette
facture semble convenir spécialement à son tempérament. Chacune de ses
réalisations est le fruit d’une pensée, d’une décision, d’un désir
d’expression, plutôt que d’une complaisance pour l’étrange. Son œuvre
est faite de science et d’art. Il se tient à distance de toute obédience
dogmatique, préférant une démarche isolée s’ouvrant en même temps aux
idées métaphysiques et aux profondeurs secrètes de l’être. Hanibal
Srouji crée son propre monde, selon sa sensibilité et son intelligence. Et
dans son interprétation picturale, il exprime son âme. |